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N’DJAMENA LE 1er DECEMBRE 2024

  • Mesdames et Messieurs les journalistes ;
  • Chers compatriotes.


C’est avec une forte conviction et une immense responsabilité que je m’adresse à vous, ce soir, à la suite de l’annonce de la décision prise par le Gouvernement de la République du Tchad concernant la rupture de l’accord de coopération militaire entre notre pays et la France.


En effet, depuis plusieurs décennies, le Tchad et la France entretiennent une coopération dans plusieurs secteurs, notamment dans le domaine militaire. Cette rupture ne concerne que l’accord de coopération militaire dans sa configuration actuelle.

Cet accord avait été signé à une autre époque, avec d’autres acteurs de part et d’autre et dans un contexte tout aussi diffèrent. Il visait à répondre aux défis communs d’une autre conjoncture nationale, régionale et internationale.

Cependant, au fil du temps, cet accord est devenu obsolète. Complètement obsolète. Il ne correspondait plus, ni aux réalités sécuritaires, géopolitiques et stratégiques de notre temps, ni à nos attentes légitimes quant à la pleine expression de notre souveraineté.

De la même manière, il ne nous apporte aucune valeur ajoutée réelle sur le terrain militaire, où nous faisons face, seuls, à des défis variés et sérieux, notamment des attaques de dimension terroriste.

Des défis sécuritaires nationaux et régionaux devant lesquels, nos propres Forces de Défense et de Sécurité se sont illustrées par une vaillance jamais démentie et une détermination sans commune mesure.

Elles ont démontré et prouvé, à chaque fois que cela est nécessaire et partout où elles ont été déployées, qu’elles sont plus que capables de défendre l’intégrité de notre territoire et d’assurer la sécurité de nos concitoyens, voire contribuer efficacement à lutter contre le terrorisme à l’échelle régionale.

Désormais, elles sont appelées à intégrer la nouvelle donne issue de la rupture cet accord suranné, qui dans les faits concrets ne change absolument rien.

Au contraire, la rupture de cet accord doit engendrer au niveau de nos FDS plus de responsabilité, plus d’engagement et plus de concentration pour mieux défendre l’intégrité du Tchad et assurer la sécurité de ses citoyens.


–  Compatriotes et Concitoyens ;

 Hommes des médias.

Cette décision n’a pas été prise de manière légère. Elle résulte d’une réflexion approfondie et d’une évaluation minutieuse.

Elle répond à un engagement pris devant le peuple tchadien, à travers mon projet de société ayant mis en exergue la promesse de bâtir des relations réciproques et équilibrées avec les pays frères et amis, dans un esprit d’indépendance et de respect de la souveraineté des États.

En tant qu’État souverain, fort de ses 66 ans de marche depuis la proclamation de la République, le Tchad est pleinement en droit, et même dans l’obligation, de définir librement ses relations internationales, de choisir les formes de coopération qu’il souhaite et de conduire sa politique de défense en fonction de ses priorités.

Nous avons ainsi décidé de mettre un terme à cette coopération militaire pour réorienter notre partenariat avec la France sur des domaines qui auront plus d’impact positif sur le quotidien de nos populations respectives.

En outre, Cette décision s’appuie sur plusieurs facteurs parmi lesquels je cite :

  • Absence de réciprocité : La présence militaire française au Tchad ne se fonde pas sur une base réciproque. Le Tchad ne doit plus accepter aux autres ce qui ne lui est pas accepté par ces autres. C’est le sacré principe de réciprocité.
  • Nécessité de réparation : Il est désormais primordial pour le Tchad de réparer les imperfections dans ses relations internationales. Choisir en toute Indépendance les formes et les partenaires de sa coopération internationale selon ses priorités nationales. 
  • Renforcement de nos capacités : cette rupture fait partie de notre volonté de bâtir une armée tchadienne en phase avec toutes ses responsabilités, plus autonome, plus engagée et plus responsable dans l’accomplissement de sa mission régalienne de défense de la patrie.


– Compatriotes et Concitoyens ;

– Hommes des médias.

Je tiens à préciser pour lever toute ambiguïté, que cette décision de rupture ne constitue, en aucun cas, un rejet de la coopération internationale ni une remise en question de nos relations diplomatiques avec la France.

Nous restons ouverts à des échanges constructifs avec l’ensemble de nos partenaires, y compris la France.

Et ce, dans le but d’établir de nouveaux cadres de coopération fondés sur les principes universels qui régissent les relations internationales.

Par ailleurs, nous réaffirmons notre ferme engagement à poursuivre la lutte contre le terrorisme et à œuvrer pour contribuer à la sécurité régionale, en étroite collaboration avec les pays voisins et toutes les nations qui partagent ces préoccupations.

Le Tchad continuera de jouer tout son rôle et d’occuper toute sa place au sein des initiatives de renforcement de la paix et de la sécurité sur le continent africain en particulier et à travers le monde en général.

Toutefois, notre priorité absolue reste la protection de notre peuple et de notre territoire.


Je vous invite, mesdames et messieurs, à appréhender cette décision dans son contexte approprié : il s’agit de renforcer notre souveraineté, de repenser nos relations internationales et d’assumer notre responsabilité dans l’édification d’une paix durable, tant au Tchad qu’au sein de notre région.

Nous continuerons à travailler avec tous les partenaires dans l’esprit de respect mutuel. Nous appelons nos alliés à soutenir notre démarche et à accompagner le Tchad dans la consolidation de ses capacités de défense et de sécurité.

Avant de conclure, le Gouvernement est instruit pour procéder à la mise en œuvre de cette décision en prenant attache avec la partie française.

Pour finir, Mesdames et Messieurs les Journalistes, cette rupture de l’accord de défense avec la France s’inscrit dans le cadre d’une réévaluation nécessaire de nos priorités stratégiques.

Le Tchad n’est nullement dans une logique de remplacement d’une puissance par une autre, encore moins dans une approche de « changement de maître ».

Notre pays croit avec foi en sa capacité de défendre son intégrité et assurer la sécurité de ses citoyens et leurs biens.

Cette décision constitue donc un acte souverain, mûrement réfléchi, entièrement assumé, visant à renforcer notre indépendance nationale et répondre à un engagement fort pris devant le peuple tchadien.

Je vous invite donc à porter ce message à la communauté nationale et internationale, dans un esprit de patriotisme et de professionnalisme.
Que Dieu vous bénisse !

Que Dieu bénisse le Tchad, pays de Toumaï, berceau de l’humanité !